lundi 19 décembre 2011

Je chercherai, même en vain, la clé du bonheur.



Chère Nelly,

Tu me manques tant. J'ai déchiré un bon nombre de lettres avant de parvenir à garder celle-la. Pourquoi celle-ci et non les autres ? Qu'a-t-elle de si différent ? Je ne sais pas, rien, peut-être. Mais il y a en elle quelque chose d'original, tu comprends ?

J'ai tellement eu de mal à passer à autre chose, quand on m'a séparé de toi. J'étais si petit, si frêle, cependant je n'étais pas idiot. Loin de là, tu sais. Les gens ne comprennent pas qu'on puisse rester accroché à une image aussi longtemps. Pourtant, j'avais pleins d'amis, qui m'ont suivi partout où j'allais. Je ne comprenais pas pourquoi j'étais aussi populaire alors que j'allais si mal. Je crois que les gens n'ont en fait jamais perçu mon mal-être. J'ai fait comme si tout allait bien, et la plupart de mes « amis » ne savaient même pas que j'avais perdu ma petite sœur... Étaient-ce vraiment des amis ? Pas vraiment. C'étaient des gens, des ombres autour de moi, qui riaient, ou qui croyaient rire de mes blagues qui en fait, n'en étaient pas. Je ne pensais jamais un traitre mot de ce que je disais quand je souriais, j'avais constamment l'impression de passer ma vie à mentir, et de ne pas être avec les bonnes personnes. Elles ne me ressemblaient tellement pas. Je les connaissais en surface, peut-être mais au fond, je ne savais pas du tout qui ils étaient. En fait, cette vie que je menais, avec cette bande d'amis, dont certains que je ne me rappelais même pas le nom, n'était pas ce que je voulais. J'aurais aimé qu'une personne me comprenne. Juste une, une seule. Quelqu'un avec qui j'aurais pu être moi-même, qui ne m'aurait pas lâchée en me voyant pleurer. Une épaule sur qui me reposer. Mais autour de moi, je n'ai pas vu une seule âme pareille à moi.

Je me demandais toujours « Nelly... que fais-tu en ce moment ? ».
Heureusement, une personne m'a tendu la main. Cette personne. Je ne l'ai plus jamais revue mais elle était brune et était dotée de petits yeux noirs, comme toi. Avec elle, je suis tellement retombé en enfance que j'en ai été dégoûté. Elle m'a rendu service mais à présent je ne veux plus d'aide, parce que j'ai grandi, et pas de la même manière qu'elle. J'ai pu tourner la page. Et maintenant, je pense au futur.

Le passé est avec toi, Nelly, derrière moi, daté et terminé.

Je sais que bientôt, tout reprendra un sens. J'y crois
J' mon mannequin n°2 : Léo.
Si tu l'aimes bien aussi, mets un ,
on t'en voudra pas.

samedi 13 août 2011

Bitter Heart, Bitter Heart...



      Parfois je me plais à imaginer des histoires où tout va bien. C'est tellement rare maintenant, une jolie histoire sans tâche de sang, sans sourires enfouis sous une pluie qui vous martèle la tête. Alors pour m'évader de cette ville remplie de faux-semblants, je marche au bord de l'eau et, quelques fois, je passe devant les pêcheurs qui engueulent les touristes sur les bateaux :
« Au milieu de la rivière ! Au milieu ton bateau, bordel ! »
Les bateaux font fuir les poissons. Les pêcheurs font fuir les bateaux. Ainsi va la vie.

Posées sous un saule pleureur, non loin des pêcheurs, je crie avec Nelly mon ukulélé, aux petits bateaux de la Sèvre : 
« Écartez-vous, sinon ils gueulent !!! » 
Peu y prêtent attention, mais ils le regrettent amèrement ensuite. Et moi je ris. Puis je crie la même chose aux suivants. Les pêcheurs m'entendent et s'offusquent, s'approchant dangereusement de moi tandis que je prends la fuite. Ils courent en jurant et j'en ris de plus belle. Ces idiots abandonnent toujours trop vite, et retournent hurler sur les touristes. C'est tellement plus drôle que de pourchasser une imbécile heureuse n'est-ce pas.

Enfin, j'atteins une petite passerelle et m'y laisse tomber. Je gratte des petits sucres de toutes les formes sur mon ukulélé. Je joue toutes les couleurs et tous les goûts, j'adore la cuisine. La cuisine de mélodies. Bientôt, les notes pleuvent sur la Sèvre ; une note paisible parfume la ville ; une fine brise caresse mes joues roses comme pour me rendre le joli son. Le son de mon quotidien.
Oui, vraiment, c'est le jour idéal pour partir, tout quitter. Je suis solitaire depuis bien trop longtemps et à présent j'en ai assez de faire semblant d'être heureuse. Les gens qui changent autour de moi font comme s'ils étaient bien entourés mais au fond, on est toujours seul quand on se couche le soir. 

Pourtant le soleil se disperse en poussières sur l'eau, et y'a pas à dire, ça brille. Ça fait sourire les touristes et redonne du baume au coeur à Gérard, ce bon vieux pêcheur. Qu'est-ce que c'est censé m'inspirer ? Le grand bonheur.
Vraiment ? Le grand bonheur ?

J' mon mannequin n°1 : Lucie.
Si tu l'aimes bien aussi, mets un ,
on t'en voudra pas.